Pasigraphie
Une
clé pour l’origine de la structure des concepts
La plus grande
difficulté pour l’homme est de reconnaître la différence entre fiction et
réalité. Il y a inflation dans les concepts quand il y a plus d’idées de la
vérité que la réalité elle même.
Décrire la réalité
est comme peindre un tableau. On ne peut pas commencer dans le coin en haut à
gauche et terminer dans le coin en bas à droite.
On peint un peu ici
et là et petit à petit les contours sortent du néant, les formes et les
couleurs apparaissent. On ne commence pas à un endroit précis mais au hasard.
Il n’y a pas d’ordre logique pourtant le tableau fini est vivant.
sub rouge + |
blanc ∞ |
ob jaune + |
orange ++ |
abstr. bleu - |
indigo ∞ |
violet +- |
noir O |
vert +- |
Peu de théories
scientifiques des 18ème et 19ème siècles ont survécu au 20ème siècle. L’une
d’elles est la théorie de Goethe « la Chromatique » publiée en 1810 sous le
nom de « Geschichte der Farbenlehre »,
en partie influencée par la mesure de la lumière blanche de Newton.
C’est la base de la théorie scientifique de la pasigraphie.
Français
Latin
sub a + |
i ∞ |
ob o + |
sub a + |
i ∞ |
ob o + |
au ++ |
abstr. é - |
u ∞ |
aa ++ |
abstr. e - |
y ∞ |
æ +- |
ou O |
œ +- |
æ +- |
u O |
œ +- |
C’est la découverte de la concordance entre les voyelles et les
couleurs qui, dans les années 1950, amena un artiste-peintre danois à conclure
qu’il s’agissait probablement d’un principe de base.
Nous nous sommes rencontrés en 1954 et nous avons adhéré avec enthousiasme à l’idée de pousser plus loin la découverte dans
l’univers abstrait. Nous sommes partis vers l’inconnu, lui comme l’alchimiste
et moi plutôt comme l’apprenti sorcier.
Au début nous pensions publier nos études en gardant l’anonymat mais
peu à peu, nous nous sommes rendus à l’évidence qu’une initiation plus
approfondie était indispensable pour la
compréhension de notre théorie.
Après de longues années de collaboration, il était de plus en plus
attiré par l’étude des langues mortes. Là nos chemins se sont séparés mais
notre amitié est restée intacte. Pendant de longues années j’ai attendu qu’il
publie nos recherches mais un jour il est mort sans l’avoir fait.
Depuis je balance entre
optimisme et scepticisme sur la possibilité de soulever un coin du voile
que le temps lui-même a posé sur notre œuvre, le temps où notre seule
préoccupation était de distinguer la réalité de la fiction. Je reconnais
maintenant que le vieux monde s’écroule et qu’un nouveau monde va trouver ses
propres jambes pour se relever, que c’est une philosophie à courte vue de
s’armer de scepticisme et de désenchantement pour avoir été incompris en notre
temps.
Les anciennes cultures seraient
restées inconnues et ignorées si les pionniers
de la recherche n’avaient pas arraché par un travail acharné et
passionné les codes de l’intelligence et de la connaissance. Internet donne la
possibilité d’offrir cette théorie au plus grand nombre et de susciter un débat
parmi les femmes et les hommes qui ne peuvent que s’interroger devant l’inconnu
et l’incompréhensible.
Ces quelques pages leur sont dédiées.
L’auteur
sub cause + |
hasard ∞ |
ob effet + |
fonction ++ |
abstr. principe - |
condition ∞ |
possibilité +- |
plan O |
conséquence +- |
Dans le spectre il y a 3 couleurs primaires. Toutes les pasigraphies
ont 3 éléments fondamentaux. Ainsi la pasigraphie ci-dessus :
• la cause est subjective
• l’effet est objectif
• le principe est
abstractif
« cause et effet » sont actifs tandis que « principe » est la dimension
régressive et vide d’objet. Par convention nous donnons à « cause » et à « effet » le signe « + » et à « principe
» le signe « - ». Il est assez facile de comprendre que « cause et effet » crée « fonction » .
Nous donnons à « fonction » le signe « ++ » rapport à ses racines. « fonction et
principe » converge vers « plan » qui est la dimension appelée centre de
gravité de la pasigraphie.
Nous donnons au « plan » le signe « 0 ». « fonction et principe »
divergent vers « hasard » qui est infini. Nous
donnons au « hasard » le signe « ∞ », c’est la dimension que nous
appelons le champ de force.
Dans un contexte spectral nous ne pouvons pas intervenir dans la
relation « fonction-hasard », à la place nous posons « condition » qui est
complémentaire de « fonction ». Nous lui donnons le signe « ∞ » comme au « hasard ». « cause »
est sublimé dans « principe » en « possibilité ». Nous donnons à « possibilité
» le signe « +- ». De même que « effet » est sublimé dans « principe » en «
conséquence ». Nous donnons à « conséquence » le signe « +- ».
Nous appelons le côté gauche (cause, principe, possibilité) de la
pasigraphie : côté subjectif.
Nous appelons le côté droit (effet, principe, conséquence) de la
pasigraphie : côté objectif.
Si nous regardons la pasigraphie des couleurs, nous voyons que rouge et
bleu donnent violet et jaune et bleu donnent vert. Ce qui veut dire que rouge
et vert sont complémentaires ainsi que jaune et violet.
Si nous regardons la pasigraphie des voyelles, nous voyons que a et é
donnent ae (comme caesar, maestro, naevus)*,
o et é donnent œ (comme cœur, œil, œuf)*, a et o donnent au(comme jaune,
cauchemar, gauche), y (latin) donne u en français .
Si nous regardons la pasigraphie ci-dessus, nous voyons que « cause et
principe » donnent « possibilité » et que « effet et principe » donnent «
conséquence ».
Ainsi [rouge et vert, jaune et violet], [a et œ, o et ae], [cause et
conséquence, effet et possibilité] sont complémentaires et ainsi de suite dans
toutes les pasigraphies.
*Les voyelles correspondent à des sons. L’écriture des voyelles
françaises a évolué par rapport à leur origine latine et ne corresponde plus
aux voyelles latines. Notre pasigraphie dans sa traduction française se base
sur le son français et non sur son écriture.
Certaines pasigraphies se ressemblent plus que d’autres
sub compréhension + |
énigme ∞ |
ob précision + |
définition ++ |
abstr. méthode - |
problème ∞ |
théorie +- |
solution O |
conclusion +- |
Par exemple la
géométrie est subjective et compréhensible, l’arithmétique est objective et
précise. Leur ensemble donne une fonction ou définition. Définition et méthode
convergent vers solution et divergent vers énigme. L’énigme est dans le même
cas de figure que le hasard (conf. la
pasigraphie précédente). Pour la même raison nous ne pouvons pas intervenir
dans la relation définition énigme, à la place nous posons problème qui est complémentaire de définition. La
compréhension sublimée en méthode donne
la théorie, tandis que la précision sublimée en méthode donne la conclusion. La
théorie est subjective et la conclusion objective mais ni la théorie ni la
conclusion ne sont la solution qui cependant contient et la théorie et la
conclusion.
Une des questions à
laquelle nous n’avons jamais pu répondre est de formuler les concepts n’ayant
pas de mot existant. Nous avions beaucoup de pasigraphies incomplètes et nous
avons pensé qu’il en était de même dans d’autres langues. Toute personne qui
veut traduire un certain mot dans une autre langue peut être confrontée à la
nécessité de remplacer ce mot intraduisible
par plusieurs mots ou phrases.
Nous avons pris le
parti de considérer que bien que tous les concepts existent, il manque
néanmoins des mots pour les exprimer jusqu’à ce que quelqu’un introduise un mot
nouveau, comme par exemple « altruisme » complémentaire « d’égoïsme » mot
inventé par Auguste Comtes.
Dans mon livre de
latin il était écrit « A posse ad esse non valet consequentia » « De la
possibilité d’une chose on ne peut conclure à son existence ». Il y a jusqu’à 6
fois plus de mots en anglais qu’en danois en allemand ou même en français. Ce
qui ne veut pas nécessairement dire qu’il y a plus de concepts en anglais, mais
qu’il y a plus de synonymes.
Nous faisions des
lapsus et des « courts-circuits », la pasigraphie suivante en est un exemple
assez drôle : la géométrie
sub
+ |
|
ob
+ |
|
abstr. · - |
|
|
|
|
Nous ne pouvions
trouver que 3 dimensions. La pasigraphie se trouvait dans un tas de brouillons
dans lequel on fouillait de temps en temps pour essayer de trouver des
concepts. Un jour vint le mot libérateur : il n’y a que 3 dimensions ! Les
courbes subjectives, les lignes objectives et les points abstractifs.
Un des essais réussi
de la nature pour créer une espèce capable de survivre dans un environnement
cruel et menaçant est la moule qui s’entoure d’une coquille de calcaire très
dure. Il faut beaucoup de forces pour casser cette coquille. Si l’on se
contente de rester au fond de la mer collé à une pierre en agitant ses
coquilles pour se nourrir de ce qui flotte au grès du courant, l’invention
n’est pas si mal, la preuve la moule est toujours là ! La moule représente
l’optimum de protection contre le minimum de mobilité.
Or dans l’évolution
il y avait une meilleure idée. Elle est arrivée beaucoup plus tard après
beaucoup de tâtonnements. L’os avec les muscles à l’extérieur représente la
situation complémentaire avec un minimum de protection contre un optimum de
mobilité. On peut dire que la fuite est devenue une meilleure protection que de
rester sur place à ses risques et périls.
La mouche dessine
obstinément un ” mene mene tekel upharsin ” sur la vitre, son effort est égal à
la résistance. Malgré son œil incroyablement évolué elle reste aveuglée par
l’absence de conscient.
La bourgeoisie inébranlable cherche à se protéger derrière des
uniformes. Ainsi l’évolution se confirme de la moule jusqu’à Guantanamo.
Le drame s’exprime à travers les sagas ou les mythes. Par exemple,
l’histoire des soldats romains jouant aux dés les vêtements du Christ pendant
qu’il est nu et agonisant sur la croix.
Les insectes, espèce convergente, frôlent la perfection par leur
efficacité et seules les forces militaires modernes peuvent rivaliser avec eux
en efficacité. D’où les sauterelles
dans la légende des 10 plaies d’Egypte ou les moustiques dans l’histoire de la
médecine. Les guêpes et les frelons font 60 fois plus de victimes mortelles que
les vipères notre légendaire ennemi depuis Adam et Eve qui pourtant ne méritent
pas cette si mauvaise réputation.
Un état policier efficace et parfait serait la fin de l’Histoire selon
Huxley et Orwell. Il semble que nous tendions vers ça mais la crise mondiale
actuelle semble bouleverser ces tendances. Un certain pouvoir de l’argent
disparaît comme ce sont volatilisées des
fortunes colossales. C’est un jeu politique qui tente de s’emparer du monde
mais l’argent des multinationales disparaît virtuellement et dresse un écran de
fumée entre les pertes illusoires et la perte bien réelle des emplois. Ce n’est
pas pour rien que la mondialisation a voulu diminuer l’influence des
institutions sur la société, sur le développement (appelé réforme) en se
servant des politiques comme de marionnettes à leur service. Ce qu’on appelle «
économie de marché » n’est rien d’autre que vol pur et simple. Sur ce point-là,
Marx ne s’est pas trompé. Le vol est déguisé sous le commerce quand 80% du prix
de vente est le prix de la publicité. Les grecs qui avaient un sens de l’ironie
développé, avaient conçu un dieu Hermès dieu du commerce et du vol. Cette
expérience que nous payons de notre propre poche en ce moment est aussi vieille
que l’histoire elle-même. Les politiciens du capitalisme tentent un dernier
tour de force pour sauver les apparences et jettent les derniers milliards dans
la roulette. Or le jeu est perdu ! Les voleurs filent les poches pleines comme
dans « les nouveaux vêtements de l’empereur ».
Ce n’est qu’un jeu, mais continuer à jouer ce jeu d’illusions serait
accepter l’ordre nouveau du monde dont Huxley et Orwell avaient prédit
l’extension et la restriction.
On doit se poser la question de la réelle relation entre validité et
valeur : validité sans valeur ou valeur sans validité ?
Je suis bien conscient que les
millions de personnes qui vont être jetées dans le chômage et la misère seront
assez indifférentes à ces spéculations philosophiques. Mais en choisissant des
politiciens qui ont privatisé leur propriété collective et bradé les
institutions de la société, ne se sont-ils pas rendu eux-mêmes coupables de
leur misère ?
L’état ultralibéral et
minimalisé n’est pas une société mais un massacre.
Nous sommes en train de nous éloigner des critères de base de
l’évolution entre l’espèce et l’individu, du bourgeois ”connu” vers l’homme
”inconnu”. Lorsque nous regardons tous les stades intermédiaires que la nature
a inventés de la moule jusqu’au bourgeois, nous comprenons que l’évolution est
extrêmement longue et complexe.
sont 2 unités qui créent un tout, un
ensemble. x et y sont complémentaires,
ce qui veut dire que chacun en soi a une valeur limitée, tandis que mis en
relation l’un avec l’autre ils se fondent comme les couleurs de l’arc en ciel.
Une fraction est un outil. Elle est comme tout outil conçue pour
quelque chose de spécifique ! Utilisée pour autre chose elle ne fonctionne pas
ou mal. Une tenaille est aussi inappropriée pour extraire des dents qu’un
davier pour extraire des clous...
L’ illustration ci-dessous, est aussi un outil avec les mêmes
contraintes que d’autres outils. Nous avons utilisé ces 2 cercles pour illustrer
2 fonctions différentes :
Le premier cercle illustre une marche autour du monde par l’équateur,
on peut aller dans un sens ou l’autre.
Le second cercle illustre une marche du pôle nord au pôle sud. Du point
central le premier pas sera toujours vers le pôle opposé, mais on peut aller
dans toutes les directions.
Les grands mouvements religieux ou politiques se manifestent toujours
par des oppositions, mais ces oppositions ne sont pas complémentaires même si
les compléments sont en opposition. Peu d’individus se sont orientés vers
l’autre démarche de partir d’un point fixe. Là les conditions sont
complémentaires. La contrainte est absolue mais la liberté infinie.
Tant que nous en sommes aux illustrations, nous allons rendre à César
ce qui est à César.
Ce signe est appelé par les indiens ”svastika” en sanskrit et signifie
”porte-bonheur”.
Ce symbole est connu dans le monde entier, même chez les indiens
d’Amérique, depuis la nuit des temps. Mais il a été tristement détourné par les
revanchistes allemands vers 1910 et introduit dans le drapeau allemand par les
nazis. On suppose qu’il s’agit d’un symbole solaire ou éventuellement une roue
qui symbolise ”révolution”, ”qui tourne”. La signification indienne
”porte-bonheur” nous semblait de bon sens : horizontalement les possibilités,
verticalement les décisions. Chaque fois que nous avons pris une décision, le
symbole tourne d’un quart de tour et la décision devient de nouvelles
possibilités qui demandent de nouvelles décisions, qui font encore tourner le
symbole d’un quart de tour qui devient de nouvelles possibilités et ainsi de
suite...
Le centaure est un de ces drôles d’animaux que nous pouvons nous amuser
à interpréter.
Quelle est la vraie relation entre cheval et cavalier ? Le cavalier est
un, le cheval est un autre, c’est le cavalier qui dirige le cheval par ses
décisions. La fausse relation est qu’ils sont soudés, ils sont devenus un , et
le cheval court avec le cavalier.
Si nous remplaçons le mot ”cheval” par ”situation” et ”cavalier ” par
”homme”, quelle est donc la vraie relation entre la situation et l’homme ?
L’homme et la situation sont deux, c’est l’homme qui décide de la situation. La
fausse relation est que la situation court avec l’homme.
Remplaçons maintenant ”cheval” par ”économie de marché” ou
”mondialisation” ou n’importe quel mot de ce genre, c’est amusant non ?
Pendant la préparation de cette introducion à la pasigraphie, un
problème est apparu que je n’ai pas résolu de façon satisfaisante.
Fallait-il montrer des pasigraphies incomplètes ?
Après de longues réflexions, j’ai décidé de m’abstenir. Je suis sûr que
si certains, après avoir étudié cette introduction, sont tentés de continuer la
recherche, ils trouveront leur propre voie à suivre. Peut-être éviteront-ils
les obstacles que nous avions rencontrés.
Peut-être qu’il n’y ait pas de mots pour exprimer les concepts qui se
cachent dans la pasigraphie ou peut-être que nous ne les avons pas trouvé. Nul
ne le sait pour l’instant.
Les fractions ci-dessus sont des débuts de pasigraphies évidentes,
chacun peut s’en servir.
Mais il y a une raison plus profonde qui est en rapport avec les 2
dernières pasigraphies, le travail n’est pas seulement une gymnastique
intellectuelle. C’est que nous n’avons pas créé la pasigraphie mais nous
l’avons découverte. Après un long processus de développement du cerveau qui a
probablement duré des centaines de milliers d’années nous ne savons toujours
pas pourquoi les structures se sont liées à des structures purement physiques
comme le spectre des couleurs découvert par Goethe.
Nous pensions qu’une initiation sous forme d’unité de valeur dans le
cursus de philosophie serait souhaitable si jamais un jour une université
découvrait notre travail.
sub sentiment + |
croyance ∞ |
ob compréhension + |
conscience ++ |
abstr. esprit - |
perception sensorielle ∞ |
tempérament +- |
savoir O |
caractère +- |
Comme ”cause” précède ”effet”, ainsi ”sentiment” précède
”compréhension”.
”Nihil in intellectu quod non ante in sensu!”
Rien n'est dans le conscient qui n'ait pas été d'abord dans les sens!
sub sensation + |
instinct ∞ |
ob observation + |
conscient ++ |
abstr. rêve - |
sens ∞ |
illusion +- |
vision O |
hallucination +- |
Le bateau est une construction dont les éléments pris séparément ne
peuvent pas flotter. C’est la façon dont le bateau est construit qui le fait
flotter. Il déplace autant d’eau que son poids volumique. Si le bateau d’Ulysse
est différent des autres bateaux, c’est parce qu’il ne navigue pas sur les
mers, mais dans l’imaginaire de l’homme. Le capitaine n’est pas tranquillement
au gouvernail avec sa pipe dans la bouche ! Il est attaché au mât tandis
que ses hommes rament, les oreilles bouchées à la cire pour ne pas succomber au
chant des sirènes.
Par ce compromis les hommes ont sauvé le bateau du naufrage sur les
rochers de l’île aux sirènes, c’est l’horizontalité. Ulysse est le symbole de
la décision, il est debout, attaché au mât, c’est la verticalité. Le vent
souffle dans les voiles de tous les côtés, cette force brute de la nature est
horizontale et se transforme dans le mât en énergie. Le gouvernail maitrise
cette énergie pour faire avancer le bateau. Sans être gouverné le bateau dérive
au gré des vagues, il est balloté dans tous les sens.
Une société est une construction dont les éléments pris séparément ne
peuvent pas agir. C’est la manière dont la société est construite qui la
fait fonctionner. Elle implique autant de libertés que de contraintes pour
l’homme. La société démocratique est différente des autres sociétés parce
qu’elle n’a pas de visées guerrières mais, au contraire, vise au bien-être de
ses habitants. L’image du dirigeant n’est pas celle d’un leader stalinien ou
d’un petit démagogue hanté de troubles psychiatriques. La présidence implique
une vision de l’homme en pacte avec la dimension verticale, le mât. Par ses
décisions, le président fait avancer la société. Laissons les politiciens se
cramponner au gouvernail. Leur rôle est uniquement de garder le cap par
compromis.
Une société qui n’a de direction solide dérive, se laisse aller aux
jeux de hasard et aux gains par milliards. Elle envoie ses enfants tirer sur
des femmes et des enfants en Afghanistan. Ce bateau-là s’échouera bientôt sur
l’île des Sirènes. « Un pays se construit avec des lois. Si les hommes se
suffisaient à eux-mêmes, les lois ne seraient pas nécessaires » (loi du
Jutland 1241). Les hommes qui ont imaginé cette loi connaissaient comme Ulysse
la tentation.
Dans le nouveau testament il y a l’histoire suivante : Les
disciples étaient dans un bateau au milieu du lac. Ils virent Jésus venir vers
eux en marchant sur l’eau. Pierre lui demanda s’il pouvait venir le rejoindre
et Jésus répondit « viens ». Pierre commença à marcher sur l’eau, mais
soudain il prit peur et commença à s’enfoncer. Jésus lui prit la main et le
ramena dans le bateau. Cette histoire raconte que Jésus est élémentaire, il
maitrise les éléments tandis que les hommes les subissent. La loi, symbolisée
par le bateau, les tient à flot, mais les contraint à rester dans le bateau. La
conséquence profonde de la complémentarité entre l’horizontal, adaptation, et
le vertical, évolution, est la chute du paradis au paradoxe.
La plie carrelet, le chimpanzé et le bourgeois ont quelque chose en
commun. Ils sont différents à la naissance de ce qu’ils sont à l’âge adulte.
Les petites plies ont à la naissance un œil de chaque côté de la tête,
mais quand elles grandissent leur tête se transforme et tourne pour se mettre à
l’horizontale, les yeux sont alors sur le côté tourné vers le haut. La plie
peut ainsi se poser sur le fond de la mer et frapper le sable avec son corps
pour se recouvrir.
Le chimpanzé nait avec le trou
dans le crâne pour les vertèbres cervicales au même endroit que le bébé humain
mais en grandissant ce trou se déplace jusqu’à la nuque, car il ne marche pas
debout comme l’homme mais le plus souvent à 4 pates. Sinon il serait condamné à
regarder ses pieds ! Mais il ne peut pas non plus marcher debout sinon il
serait condamné à regarder en l’air. Cette espèce est suspendue entre le
quadrupède qu’il était et le bipède que l’homme est devenu.
Et finalement le bourgeois nait, comme tous les bébés humains, doté
d’un égoïsme farouche, d’un cri strident capable de réveiller même la mère la
plus indolente du monde! Mais comme Auguste Comte l’observe, l’homme sublime
l’égoïsme en altruisme et devient une créature sociale tandis que le bourgeois
reste égoïste, un être sans réflexion aucune qui se laisse manipuler par la
religion, la politique et surtout par le pouvoir, sans jamais développer une
personnalité. Le bourgeois est totalement à la merci de son placement
hiérarchique, il reste dans le système de caste dans lequel il est né.
La plie et le chimpanzé sont différents du bourgeois car la plie et le
chimpanzé restent plie et chimpanzé, tandis que le bourgeois n’est pas
nécessairement contraint à cette fatalité de rester bourgeois.
C’est autour de ce sujet que tourne le drame humain depuis le matin de
l’histoire.
Il faut oublier tout ce que tu as appris pour te souvenir de ce que tu
as oublié.
Pour construire une maison, il faut monter un échafaudage, pour y
vivre, il faut le démonter.
plus propre
plus clair
plus noble